Le
12 juillet 1790, l'Assemblée vote la constitution civile du
clergé. Le 27 novembre 1790, tous les prêtres sont
contraints de prêter le serment de fidélité
à la Nation, au roi et à la constitution civile du
clergé. Ceux qui acceptent vont être appelés
jureurs, les autres deviennent les réfractaires.
Ce que le Curé Montazeaud écrivait à la fin du
registre de 1790:
"Cette année 1790 le blé a valut trois
livres dix
sous le boisseau.
Je soussigné curé de la dite paroisse de Villard, ai
prêté le 31 mars de l'année
1791, dans la forme suivante, le serment exigé par
l'assemblée nationale, de
tous ses fonctionnaires publiques avec le discours suivant que j'ai
prononcé le
même jour à l'issue de la messe, à mes
chers paroissiens et en présence
de la municipalité de la dite paroisse.
Me voilà Mes chers paroissiens dans une circonstance bien
fâcheuse. La
loi me prescrit un serment, ma conscience me le
deffant.
Si je jure sans restriction plus de paix dans mon cœur,
ma conscience me reprochera toujours d'avoir compromis
l'autorité spirituelle
de l'église, d'avoir donné l'exemple du mal tandis que je
dois l'exemple du
bien. Elle me fera une infinité d'autres reproches. Si je ne
jure peut-être suspectera-t-on
ma soumission aux lois, ma fidélité et mon patriotisme.
Mais puisque mes chers paroissiens le plus grand nombre de vous m'avez
rendu la justice
de me croire incapable de la plus petite infidélité
envers personne, vous
m'avez fait l'honneur de me regarder non seulement comme un bon
pasteur, mais même
comme un bon citoyen attaché à ma religion;
attaché à ma patrie,
servant l'un et l'autre de toutes mes forces, je proteste que je n'ai
pas changé
de disposition à cet égard et je vous prie de le
croire.
Si dans ces derniers jours, il vient de s'élever des doutes sur
la droiture des
sentiments des ecclésiastiques, c'est leur devoir eux qui
doivent le bon
exemple de détromper les peuples, et de leur faire voir la
droiture de leurs
intentions. Je ne sais si je suis du nombre de ceux que l'on accuse de
mauvais
dessins, mais comme si j'étais soupçonné, je vais
détruire toute raison de me
suspecter infidélité à la nation,
à soi et au roi: je vais faire en
entier le serment civique exigé de prêtres fonctionnaires
mais je le ferais en
chrétien, en prêtre et en homme qui en respecte toute la
puissance et la loi
civile, ne laisse pas de croire du dieu par dessus toute chose.
Je ne mettrais dans mon serment aucune restrictions à ma
soumission
et à mon obéissance et à ma
fidélité à toutes les lois civiles
qui intéressent généralement l'ordre public, en un
mot à tout ce qui
n'est pas essentiellement adhérent à notre Sainte
religion, je
n'excepterais absolument que ce qui parait être essentiellement
dépendant de
l'autorité spirituelle.
Je le répète donc je suis citoyen français
inviolablement soumis et attaché à sa loi, au roi
et à puissance législative: je suis incapable
d'aucune
trahison, d'aucune mauvais menées contre la monarchie
française, ni même
contre aucun des citoyens qui la composent, je les aime tous comme mes
frères,
mais je suis en même temps, et vous souffrirez que je le publie,
je suis en même
temps prêtre catholique; je me suis engagé de vivre et
à mourir dans la
foi de l'église romaine: pourrais-je violer le serment que j'ai
fais lors de
mon baptême? Je suis devenu le dépositaire et l’appuis de
la foi de (..) lois
de ma consécration aux pieds des hôtels; Ne dois-je pas
conserver soigneusement
ce dépôt sacré. J. C. me commende d'être
soumis à l'église, docile à
la foi du fils de dieu; je reconnais et je confesse la puissance
spirituelle de
son église, son infaillibilité sur les matières de
foi; son autorité pour établir
et confirmer les pasteurs des âmes: la hiérarchie qu'elle
a établie entre les
pasteurs.
Enfin je crois et je professe tous ce qu'enseigne et ordonne cette
sainte église
catholique apostolique et romaine que je crois être la
véritable église du fils
de dieu; je viens de vous déclarer avec toute la
sincérité possible mes
sentiments; Je vais faire à présent le serment que me
prescrit ma conscience.
Je jure de veiller avec soin sur les fidèles dont la conduite
m'a été ou me
sera confiée par l'église, d'être fidèle
à la nation, à la loi, et au roi, et
de maintenir de tous mon pouvoir en tout ce qui est de l'ordre
politique la
constitution décrétée par l'assemblée
nationale et acceptée par le roi,
exceptent formellement les objets qui dépendent essentiellement
de l'autorité
spirituelle à qui je jure pareillement obéissance et
fidélité.
Avec promesse de n'en faire jamais d'autre à moins que
l'église ne parle et ne
l'ordonne autrement. En fois de quoi j'ai signé à
Villards le 2 avril 1791
Montazeaud curé de Villards"
Le curé Montazeaud ne semble pas
avoir fait ce serment de bon coeur. L'extrait suivant montre montre
qu'il est devenu un réfractaire.
Extrait de "DUN LE PALESTEL REVOLUTION" par Maurice POTTIER -
1979: ".. ont sut, ainsi, qu'au début d'avril 1792, le maire de
Villard,
le citoyen Pardaillon, avait adressé une pétition au
district contre le curé de
la paroisse, Léonard Matazaud, avec l'accusation suivante:
"Remplacé à
défaut de serment, il prêche dans presque tous les
villages de la dite paroisse
et dans plusieurs autres paroisses disant aux femmes que si elles
entendaient
ou se confessaient à un prêtre qui a fait le serment, le
fruit qu'elles portent
dans leurs entrailles deviendrait un diable, et elles deviendraient
excommuniées et seraient données à tous les
diables; empêchent les femmes
d'habiter avec leur époux s'il s'est confessé au
curé constitutionnel. Les uns
et les autres en perdent la tête, deviennent fous; les autres
abandonnent leur
famille (Arch. dép. Creuse, BIB 312)".
Le 15 janvier 1793, Matazaud sera condamné à huit
années de détention. On apprendra,
ensuite, la dénonciation par le "curé de Dun" du
curé de Colondannes,
Jean-Baptiste Fossiat, qui, lui aussi a refusé de prêter
le serment; ce dernier
était originaire de Dun et, peut-être, l'oncle du
"cy-devant curé Bazennerie""